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en lave, ses mes étroites et silencieuses ; la cathédrale — contiguë au logis paternel — avec ses hautes voûtes, ses brillantes verrières ; Notre-Dame-du-Port, la vieille église massive, où le peuple afflue aux jours de pèlerinage, n’ont pas manqué de frapper l’imagination enfantine de Blaise. Mais la mode, au XVIIe siècle, n’était guère aux descriptions romantiques. Moins encore que ses contemporains, lui qui était entièrement livré aux préoccupations scientifiques et métaphysiques, pouvait-il songer à nous faire confidence de ses impressions sur Clermont et le pays d’alentour.

D’ailleurs, qu’il ait pris plaisir à escalader nos montagnes, qui pourrait le croire en considérant combien frêle était sa santé, longues et fréquentes ses périodes de maladie, et qu’il fut même réduit à certains moments à ne marcher, comme on disait alors, « qu’avec des potences » [1] ? C’est surtout du glacis de la Poterne et des rues de la ville dirigées vers l’ouest qu’il a admiré nos volcans et le puy de Dôme qui les domine. Faut-il admettre qu’une fois au moins il fit l’ascension de ce sommet, lorsqu’il voulut répéter, dit-on, l’expérience accomplie par Perier, surtout donner une explication à celle de la vessie de carpe, imaginée par le savant Roberval ? Le seul témoignage qu’on invoque, celui de Gassendi, me paraît tout à fait insuffisant[2]. Il est certain, de toute façon, que, par l’effet d’une loi mystérieuse dont tous nous sommes tributaires, Pascal a subi l’influence du sol qui l’avait produit ; avec sa famille, avec son entourage, il concourut à lui façonner une âme auvergnate.

À quels signes peut-on la reconnaître ? De savants ana-

  1. Mémoire sur la vie de Blaise Pascal par Marguerite Perier, édit. Brunschvicg, t. I, p. 129.
  2. Le texte entier se trouve dans l’édition Brunschvicg, t. III, p. 200, note 1 ; en voici l’essentiel : « …experimento, quod mirificus Paschalius peregit ; cum montera ilium Dommam conscendens, detulit secum follem lusorium… ». La lettre d’où il est extrait a été écrite à Digne, le 7 août 1652 ; depuis 1648, Gassendi, malade, vivait dans le Midi. On voudrait savoir d’où il a tiré son renseignement si précis, que ni Pascal, ni aucun des contemporains ne paraît confirmer.
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