Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lystes ont essayé de les déterminer. La précision des termes dans son style, l’emploi constant des images concrètes trahissent pour eux, à juste titre, « le goût et le sens de l’observation exacte », disons le mot, du « réalisme », dé­veloppé sans doute par ses conversations avec le magis­trat dont il était le fils[1]. On n’a pas omis non plus denoter le caractère ordinairement pratique de ses inven­tions : un philosophe ingénieux[2] — il est ici — a même songé à faire de lui l’ancêtre du « taylorisme ». La machine à calculer, qui lui demanda une dizaine d’années de travail, était destinée avant tout à soulager son père, à Rouen, dans ses opérations compliquées de collation et de répartition des taxes[3]. Il prévoit le principe de la presse hydraulique « pour multiplier les forces à tel degré qu’on voudra »[4]. Quand il s’occupe aussi de la pesanteur de l’air, il devine que «cette connoissance peut estre très utile aux Laboureurs, Voyageurs, etc., pour connoistre l’estât présent du temps, et le temps qui doit suivre immédiate­ment »[5]. A Port-Royal, désireux de faciliter leur travailaux jardiniers, il imagine un procédé « permettant à un en­fant de 12 ans de monter et de descendre deux seaux qui tenaient chacun neuf seaux ordinaires, l’un étant plein, l’autre vide ». N’est-il pas encore l’auteur de la méthode de lecture actuellement en usage[6]. La création des carosses publics à cinq sols montre enfin que la science ne futjamais chez lui pure théorie ; qu’il se préoccupa toujours,en digne fils de l’Auvergne, des applications dont elle était susceptible. Il n’est pas jusqu’au fameux pari où l’on ait

  1. Paul Bourget, dans l’Illustration du 16 juin 1923, p. 594-596.
  2. Jacques Chevalier, Pascal, Paris, 1922, p. 58.
  3. Voir la lettre dédicatoire au chancelier Seguier, édit. Brunschvicg. t. I, p. 299.
  4. Traité de l’équilibre des liqueurs, ibid. t. III, p. 163 ; Chevalier, Pascal, p. 72.
  5. Fragments du traité du vide, édit. Brunschvicg, t. II, p. 523.
  6. A. Hallays, Le Souvenir de Pascal à Port-Royal de Paris et à Port-Royal des Champs, dans l’Illustration, 16 juin 1923, p. 610, col. 1, F. Strowski, Pascal et son temps, t. III, p. 27.
— 96