Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/132

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du tout les memes : le conflit avait changé, non pas seule­ment d’acuité, mais de nature. La fronde mal dessinée d’hier, avec ses habiletés, ses retraites, ses contradictions, était devenue une secte véritable : hérésie ? pas encore, peut-être ; mais certainement schisme, attentat encore incertain et partagé, mais déjà très grave contre l’unité de l’Eglise. D’où, pour les gardiens de la discipline, de nouveaux cas de conscience, plus cruels à résoudre et plus pressants. Fallait-il refuser les derniers sacrements à la bonne Marguerite Perier, qui ne voulait pas rétracter son appel ? On hésita beaucoup, vous le savez, et il semble bien que, sans l’intervention de votre admirable Massillon, la miraculée de la Sainte-Epine, la fille, la petite-fille et la nièce de tant de prédestinés serait morte sans avoir reçu l’hostie sainte.

Aucune difficulté de ce genre auprès de Pascal mourant Aux yeux de l’excellent prêtre qui le visita souvent pen­dant ses dernières semaines, il n’était qu’un catholique comme les autres. Les fautes dont il avait à se repentir ne relevaient que du for intérieur. Simple laïque, du reste, il n’avait eu à signer aucun formulaire. Cette ligne qu’on a trouvée dans ses papiers et qui ne porte ni date ni si­gnature, cet appel du tribunal faillible de l’Index au tri­bunal infaillible de Jésus, ne ressemble d’aucune manière, je ne dis pas seulement à une déclaration solennelle de rupture, mais encore à l’appel chétif et caduc d’une Mar­guerite Perier, octogénaire. Tout au plus velléité passagère de révolte, insensiblement oubliée peut-être, et peut-être aussi expressément rachetée par une déclaration contraire et les larmes de la pénitence ; cri silencieux de détresse et de confiance, lancé, nous ne savons à quel moment, ni dans quel esprit ; intime colloque avec Celui à qui nous pouvons tout dire ; écho résigné à la plainte du Calvaire : Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? En dehors du souverain Juge qui nous comprend mieux que nous ne nous comprenons nous-mêmes, nul ici-bas n’a le droit d’écouter aux dernières portes de l’âme. En la personne du P. Beurrier, c’est toute l’Eglise qui absout Pascal mou-