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L’homme est donc le véritable centre de perspective sur l’univers : si l’astronomie l’avait déchu de son privilège, la découverte de l’infiniment petit le lui a rendu. Et c’est pourquoi il est vrai, dans tous les sens, de dire que le premier devoir de l’homme est de se connaître lui-même.

Mais, en se connaissant lui-même et la pensée d’où il relève, il ne peut manquer de reconnaître qu’il est fait pour l’infinité : car l’homme passe infiniment l’homme Et ainsi, la connaissance de soi, bien loin de l’enfermer orgueilleusement en soi, le jettera au dehors, à la recherche d’une vérité qui le dépasse et qui l’explique. Il y a au fond de sa nature un double instinct : l’un, c’est l’amour-propre, qui le ramène sans cesse au centre de lui-même, parce qu’il se sent grand ; l’autre, c’est le divertissement qui le jette constamment hors de soi, parce qu’il se sent misérable, et qu’il sait qu’il ne peut être à lui-même ni sa fin, ni son principe. Or seul l’Etre infini peut satisfaire ce double instinct, parce que seul il est à la fois intérieur et extérieur, et qu’en lui seul se perdre c’est véritablement se trouver. « Le bonheur n’est ni hors de nous, ni dans nous ; il est en Dieu et hors et dans nous. — Comme nous ne pouvons aimer ce qui est hors de nous, il faut aimer un être qui soit en nous, et qui ne soit pas nous… Or il n’y a que l’Etre universel qui soit tel. Le royaume de Dieu est en nous : le bien universel est en nous, est nous-même, et n’est pas nous. »

En Dieu seul notre nature s’achève et nos deux instincts trouvent satisfaction, de même qu’en Dieu et en Dieu seul les deux extrémités, l’infiniment grand et l’infiniment petit, se touchent et se réunissent à force de s’être éloignées, de même qu’en lui et en lui seul se concilient l’un et le divers, l’amour de soi et l’amour de l’universel. « Tout est un, l’un est en l’autre, comme les trois Personnes. »

Or, cette vérité illuminatrice et béatifiante, qui la connaît ? Deux sortes de personnes : ceux qui ont le cœur humilié, et ceux qui ont assez d’esprit pour voir la vérité. Admirable conclusion d’un savant tel que le monde n’en