Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/198

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a pas connu de plus grand, qui, après avoir épuisé la science, l’abaisse devant la pureté de cœur et devant l’amour. Les plus hautes vérités, il le sait, sont accessi­bles aux enfants et aux humbles autant qu’aux vrais sa­vants : et ceux-ci même ne savent qu’à condition de s’être humiliés d’abord et d’être devenus semblables à des en­fants. Pourquoi ? c’est qu’on n’accède à la vérité que par la charité, seule capable de nous unir à Dieu, seule ca­pable de nous assurer la possession d’un idéal réel qui semble s’éloigner de nous à mesure que nous nous appro­chons de lui. Ceux qui ne se sont pas élevés à cet ordre errent à tâtons à travers les ombres : ils admirent les biens du corps et les recherchent, et sont aussitôt lassés ; ils se perdent dans la curiosité de l’esprit et des sciences, et, au lieu d’y trouver la vérité et le bonheur, ils n’y découvrent qu’un univers voué au néant, le seul dieu qui connût Renan. Et ainsi, ce qu’on nous propose comme terme et comme fin de notre destinée, pour notre suprême espérance, c’est cela : une planète morte errant dans un ciel vide. Voilà donc à quoi aboutiraient tous nos efforts, notre progrès notre recherche et nos amours, et nos peines et nos sa­crifices ! Non. Mais celui, nous dit Pascal, qui suit la vérité partout où elle le mène, celui qui cherche Dieu de tout son cœur, celui qui, sentant toujours la disproportion entre ce qu’il sait et ce qui est, entre ce qu’il est et ce qu’il doit être, entre le fini et l’infini, s’humilie en présence de cet infini, se soumet et adore, celui-là, qui cherche comme celui qui a trouvé, et qui trouve comme celui qui cherche encore, qu’il soit consolé : car à ses yeux, aux yeux du cœur qui voient la sagesse, s’ouvre la perspective d’une vie où tout sera rétabli dans la vérité et dans la justice, et qui seule donne un sens et une fin à la vie de l’homme, comme à la vie de l’humanité.

« Tous les corps, le firmament, les étoiles, la terre et ses royaumes ne valent pas le moindre des esprits ; car il connaît tout cela et soi, et les corps rien. Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble et toutes leurs pro­ductions ne valent pas le moindre mouvement de charité.