Page:FR631136102-Discours pour le tricentenaire de la naissance de Blaise Pascal - A 34544.pdf/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Discours prononcé, au sommet du Puy de Dôme, par M. Paul Painlevé, Membre de l’Institut, lors de la Commémoration du troisième centenaire de Blaise Pascal, le 8 juillet 1923.

Monsieur le Président de la République,

Messieurs,

Il y a un peu moins de trois siècles, sur ce pic où nous sommes, un événement historique s’accomplissait, sans pompe, sans fracas, mais gros des plus vastes conséquences : quelques expérimentateurs transportaient, de la plaine au sommet, un de ces instruments qu’on devait appeler plus tard baromètre à mercure et observaient les variations de la hauteur du vif argent. Ainsi se trouvait démontré par les faits, et d’une façon irréfutable, que l’air est pesant et que les lois de son équilibre tombent sous l’empire de nos mesures. Tout un monde nouveau de connaissance et de puissance s’ouvrait devant l’intelligence humaine.

« Les grands génies, a écrit Pascal, ont leur empire, leur éclat, leur grandeur, leur victoire, et n’ont nul besoin des grandeurs charnelles, où elles n’ont pas de rapport. Ils sont vus, non des yeux, mais des esprits ; c’est assez… Archimède sans éclat serait en même vénération. Il n’a pas donné des batailles pour les yeux, mais il a fourni à tous les esprits ses inventions. Oh ! qu’il a éclaté aux esprits ! »

Oh ! qu’elle a éclaté aux esprits, sur la face de l’Europe, cette expérience du Puy de Dôme qui brisa, dans la philosophie traditionelle, une ankylosé vieille de deux mille ans ! Pour le concevoir, nous qui vivons dans le siècle de la vapeur, qui savons emmagasiner, comprimer, détendre les gaz et domestiquer leur invisible énergie, il nous faut rompre avec nos habitudes quotidiennes, oublier un savoir si facilement acquis qu’il nous semble évident. Il nous