résonner profondément. C’est qu’il est des sources de lumières tellement puissantes, que chaque miroir, fût-ce le plus déformé et le plus terne, en réverbère des rayons.
Si multiples que soient les apparences qu’elles revêtent, combien elle est une pourtant cette âme de Pascal, telle qu’elle se dégage et de son œuvre et des influences par elle exercées. Elle est une, avant tout, par l’ardeur de la passion, une passion qui inonde « toute la capacité du cœur » et par laquelle on devient « tout grandeur ». Cette passion brûle dans son style que certains, songeant aux quarante volcans de l’Auvergne natale, ont comparé aux coulées de lave qui, même pétrifiées, décèlent les ardeurs de leur origine. Mais une discipline impeccable en contient et dirige l’élan impétueux. Nouvelle manifestation d’une admirable unité. Car, cette discipline de la pensée et l’expression, Pascal l’a acquise par son effort scientifique, et elle est la même dans le Traité de l’équilibre des liqueurs et dans les Pensées. Seule une telle discipline lui a donné cette plénitude et cette densité de la phrase, cette exactitude et cette sobriété des termes, cette solidité des prémisses, cette logique inexorable et poussée jusqu’à son terme, ce style direct qui frappe au vif de l’intelligence et de la sensibilité. Seule une telle discipline au service d’une telle passion a rendu possibles les miracles de l’écrivain, ces paroxysmes de désespoir et de dédain, ces ironies qui flagellent jusqu’à la cruauté nos préjugés et nos indolences, ces appels qui nous font tressaillir comme un cri de détresse dans la nuit.
Et n’est-ce pas aussi la méditation mathématique qui lui a fait entrevoir, bien avant le temps des Taine et des Baudelaire, l’identité des valeurs esthétiques sous les apparences les plus diverses ? La même enrythmie arithmétique règle l’accord de deux notes, ces deux notes soient-elles émises par une lyre, une flûte ou un clavecin ; il existe également une mystérieuse correspondance, une harmonie subtile entre une comédie de Racine, un sermon de Bos-
