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constitue un brevet difficile à tourner. En fait, c’est seulement au milieu du siècle dernier que la conception première de Pascal est devenue susceptible d’une forme vrai ment pratique, et on sait le développement pris aujourd’hui par des mécanismes capables de réaliser les opérations algébriques les plus complexes.

Les circonstances décidèrent maintes fois de l’orientation des recherches de Pascal, attentif à toutes les nouveautés. En 1644, Torricelli réalisait une expérience célébré avec un tube rempli de mercure, et faisait renaître la question du vide longtemps agitée par les écoles de l’antiquité et du Moyen Age. Aristote avait conclu, comme conséquence de sa théorie du lieu naturel à l’impossibilité du vide. Plus tard, Roger Bacon, posant un principe de continuité universelle, regardait le vide comme un désordre, et, comme, d’après lui, la nature a besoin d’ordre, elle contraint les corps à se mouvoir de manière qu’aucun espace vide ne se produise entre eux. Cependant l’observation et l’expérience intervenaient peu à peu dans l’étude des phénomènes naturels. Il semble que, à la suite de son expérience, Torricelli ait soupçonné que la force soulevant le vif argent n’est pas une force intérieure et provient de la gravité de l’air extérieur poussant le liquide dans le tube. Mais les hypothèses les plus diverses sont alors agitées, hypothèses qui, comme le dit Pascal, « conspirant à bannir le vide, exercent à l’envie cette puissance de l’esprit qu’on nomme subtilité, et, pour solution de difficultés véritables, ne donnent que de vaines paroles sans fondement ». Pascal demande à l’expérience et non à des dissertations stériles des réponses aux questions posées. Il témoigne du sens critique le plus pénétrant dans la discussion des faits, dont il tire les conséquences avec une logique d’une rare vigueur. Il montre, par de longues et coûteuses expériences, où figurent des tubes et des siphons de cinquante pieds de haut, que le vide existe dans la partie supérieure du baromètre, ou du moins « que l’espace, vide en apparence, n’est rempli d’aucune des matières qui sont connues dans la nature et qui tombent sous aucun