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de nos sens ». On lui a parfois reproché de n’avoir abandonné que peu à peu l’opinion d’après laquelle la nature abhorre le vide. Quoiqu’il éprouvât des difficultés à croire que la nature, « qui n’est point animée, ni sensible, puisse être susceptible d’horreur », Pascal ne se décida, en effet, que lentement à abandonner, comme il l’avoue lui-même, les opinions où le respect de l’antiquité l’avait retenu, et il formula correctement la solution du problème, en parlant des matières qui nous sont connues. Trente ans plus tard, l’illustre Huyghens, plus audacieux, invoquait l’expérience de Torricelli pour prouver que le vide barométrique, laissant passer la lumière, doit contenir une matière d’espèce nouvelle. Ce fut l’origine de la théorie si féconde des ondulations ; mais, de cet éther, où se propagent les ondes lumineuses, la science, il faut l’avouer, n’a pas encore réussi, depuis plus de deux siècles, à concilier certaines propriétés contradictoires, au point que quelques-uns, enclins à ne voir dans les théories que des jeux de formules, ne lui accordent plus aujourd’hui qu’une existence symbolique. Pascal, en ces questions, ne se préoccupant que « des matières qui sont en notre connaissance », laissait, sans l’écouter peut-être, Descartes disserter sur les tourbillons de sa matière subtile. L’expérience dite du vide dans le vide, par laquelle un baromètre était réalisé dans le vide, l’inclinait à se rallier à l’explication entrevue par Torricelli, mais il fallut l’expérience du Puy de Dôme pour lui faire admettre définitivement que la pesanteur et la pression de l’air sont les seules causes de la suspension du mercure dans le tube barométrique. Qui eut le premier l’idée de réaliser cette expérience ? C’est un point sur lequel on a beaucoup discuté. Descartes, sans séparer jamais la physique de sa métaphysique, y pensa sans doute en même temps que Pascal, et aussi le Père Mersenne, dont Pascal disait qu’il n’avait pas d’égal pour poser de belles questions. Il semble même que le Minime ait à cet égard quelque priorité, ayant proposé l’expérience dans un livre imprimé en 1647. Mais Pascal sut le premier organiser systématiquement les observations, et, le 19 septembre