Page:FRAD006 G1259.pdf/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maîtres d’école

[44] Ledit sieur curé nous a dit qu’il y avait un maître d’école, nommé Jean-Baptiste Gente, du lieu de Vence[1]. La communauté le paie. Elle lui donnait 40 écus. Elle l’a réduit à 106 livres cette année[2]. Il y a, outre ledit maître d’école, un régent pour les basses classes, nommé Amédée Mars, dudit lieu, à qui la communauté donne 150 livres[3]. Ledit sieur curé nous a assuré qu’il s’informait de temps en temps si lesdits maître et régent s’acquittaient de leur devoir, s’ils faisaient la doctrine et s’ils les menaient à l’église, les dimanches et fêtes. Nous avons remarqué pendant le cours de l’année que ledit sieur Gente a soin de mener, à la grand-messe et à vêpres, ses écoliers. Nous avons chargé ledit sieur Vacquier de nous envoyer lesdits maître et régent pour les interroger en particulier.

Une vieille fille, nommée sœur Camille, avec une autre, ont soin d’instruire, les filles. Les parents leur donnent quelque chose[4].

Médecins et chirurgiens

[45] Il y a quatre médecins, les sieurs Isnard, père et fils, et les sieurs Signoret, père et fils ; quatre chirurgiens, le sieur Suche, le sieur Bau, le sieur Espinel et le sieur Signoret[5].

[Bancs][6]

[46] Il y a plusieurs bancs dans l’église. On nous a assuré que tous ceux qui y avaient des places avaient des permissions par écrit[7].

Galeries[8]

[47] Nous sommes ensuite allé aux galeries, où il y a beaucoup de coffres et d’armoires dans lesquelles les chanoines et bénéficiers tiennent leurs surplis et aumusses[9].

Orgue

[48] De là nous sommes entré dans l’endroit où est située l’orgue. Elle est en mauvais état et a besoin de réparations. Les souris et les rats y ont fait beaucoup de dégâts depuis un an ou deux. Le rideau qui est au-devant est déchiré. Il faut en mettre un autre. Il faut faire refaire la coquille qui est en dehors de l’orgue, à droite, au-dedans de l’église, contre la muraille et à la naissance de l’arc doubleau[10], et celle aussi qui est vis-à-vis, de l’autre côté de l’église[11].

Clocher

[49] Nous sommes monté au clocher, dans lequel il y a cinq cloches de différentes grosseurs. La plus grosse est de 13 ou 14 quintaux ; la seconde, de 10 ; la troisième, d’environ 7 ; et les deux autres de 3 ou 4 quintaux chacune[12]. Une des cloches refaite par M. de Crillon, notre prédécesseur, s’étant cassée, le chapitre fit une nouvelle sonnerie pendant la vacance du siège, en 1714, et changea l’ordre établi par lui et le règlement pour la manière de sonner les offices, quoiqu’il n’eût pas dû et qu’il ne pût pas le faire[13]. Comme les cloches sont plus petites qu’elles n’étaient, il est resté quatre quintaux et demi de métal[14]. Les degrés du clocher ont besoin de réparations, y ayant quelques marches à changer et une main courante à mettre en quelques endroits.

Horloge

[50] Le cadran de l’horloge, qui est au-dehors et qui donne sur la porte du cimetière, est effacé. Il faut le renouveler.

  1. Le métier de maître d’école est généralement itinérant, confié à des "étrangers". Ce n’est pas ici le cas.
  2. 40 écus font 120 livres, à trois livres par écu.
  3. Le régent est aussi un Vençois. Peut-être est-il mieux payé parce qu’il enseigne le latin aux enfants de la bourgeoisie. Peut-être aussi parce qu’il a moins d’élèves. En effet, outre le salaire versé par la communauté, les maîtres d’école reçoivent une rétribution des parents d’élèves.
  4. On voit assez que l’Eglise, au moins dans le diocèse de Vence, n’assure pas l’instruction des enfants, ni surtout n’en supporte la charge, comme on lit si souvent, dans les livres d’histoire, qu’elle le faisait. Cette charge incombe aux communes et l’école en a conservé jusqu’à nos jours le nom de communale. L’église prétend seulement examiner et approuver les maîtres d’école, afin de vérifier leur orthodoxie religieuse. Parlant des maîtres d’école de Vence, l’évêque emploie l’expression consacrée : s’acquitter de son devoir, qui signifie de la part de laïques de remplir ce que l’Eglise attend d’eux. Elle attend d’eux, en particulier, qu’ils enseignent le catéchisme ("faire la doctrine") et que le dimanche, ils conduisent les enfants à la messe et à vêpres, Si la communauté paie l’instruction des garçons, elle se désintéresse de celle des filles. C’est ici la première mention que nous ayons d’une instruction qui leur est donnée, et l’instruction des filles aura toujours un caractère privé jusqu’aux lois de Jules Ferry. La "Soeur Camille" est sans doute celle qui était déjà nommée à propos de la confrérie de l’Enfant Jésus. Voir note §35.
  5. Les Signoret ou Segnoret sont médecins ou chirurgiens de père en fils depuis au moins la première moitié du seizièm e siècle. Voir H. Dhumez, "Le livre de raison (1505-1535) de Georges Signoret, barbier-chirurgien de Vence", dans Provence historique, fasc. 15, 1954.
  6. Sous-titre ajouté, ne figurant pas dans le document
  7. Il n’y a pas encore de chaises dans les églises. Mgr Bourchenu voit d’un mauvais œil que l’on s’asseye. Il ne voudrait même pas que les fidèles entendent la messe debout mais à genoux.
  8. Nommées aussi les tribunes
  9. Aamusses. ornements garnis de fourrure que les chanoines portaient sur le bras gauche (Dictionnaire de Hatzfeld et Darmesteter).
  10. Le document écrit "a droit" pour à droite, et "l’arc debleau" corrigé ici en doubleau.
  11. La coquille désigne en architecture une voute en forme de quart de sphère, par exemple le haut d’une niche dont l’arcade serait de plein cintre. Ici je suppose que cette coquille, au lieu d’être un creux, est au contraire une excroissance des murs de la nef, servant d’appui aux arcs doubleaux. Cf. le § 190 ci-dessous.
  12. Soit, en faisant le quintal de 40 kilos, la plus grosse de 520 à 560 kg ; la seconde, de 400 kg ; la troisième, de 280 kg ; les deux plus petites, de 120 à 160 kg.
  13. Le document écrit : quoiqu’il ne peut pas le faire, ce qui parait correspondre à une prononciation pût.
  14. Le prix des cloches variait selon le poids cloches du métal utilisé. Le métal des vieilles était réemployé. La fonderie était fait d’artisans itinérants qui venaient opérer sur place.