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donné par le père Allait, évêque de Vence[1]. Il passe pour être bon[2].

[129] La bannière est fort usée. Elle représente la Sainte Vierge d’un côté, et de l’autre saint Bernardin. L’ornement de la bannière, qui est de taffetas, a besoin d’être raccommodé. Le crucifix qu’on porte aux processions est en bon état. On a deux voiles de taffetas pour l’orner et le couvrir. Il y a quatre grands fanaux, en bon état.

La sacristie, qu’on a prise au-dehors de la chapelle, est en bon état. On y entre par une porte qui est vis-à-vis de celle de l’entrée de la chapelle[3]. Et en-dedans, il y a un grand garde-robe à trois partes, dans lequel on tient les meubles de la chapelle.

Cette confrérie est composée de 102 confrères. Ils payent cinq ou six sous chacun pour les réparations et entretien de la chapelle. Il y a des femmes et filles de cette confrérie. Elles assistent quand elles veulent aux offices, et les pénitents vont à leur enterrement. Elles donnent aussi quelque argent, les unes plus, les autres moins. Il y a un plus grand nombre de sœurs que de frères dans la confrérie[4].

[130] On dit l’office les dimanches et les fêtes, après la messe du prône[5]. On commence par la messe. Après les vêpres de la cathédrale, les frères viennent dire les leurs. Les jeudis en carême, ils disent l’office de la Passion sur les six heures, ou quelquefois plus tard. Il faut recommander que tout soit fini à la nuit[6]

Ils font l’office des Ténèbres après celui de la paroisse. On expose le saint-sacrement les trois fêtes de la Pentecôte, le jour de la Saint-Bernardin et celui de Notre-Dame d’août. Il y a indulgences pour les confrères ces jours-là.

Il y a une cloche au-dessus de la chapelle, de deux quintaux environ. Et deux petites, l’une pour l’élévation du saint-sacrement, l’autre pour assembler les frères. On la porte dans les rues[7]. Nous nous sommes informé si on lisait les règlements de la confrérie quatre fois l’année. On n’y est pas exact. On fait l’élection des officiers tous les ans.

[131] Les comptes n’ont pas été rendus depuis huit ou dix ans.

  1. Le père Théodore Allart, évêque de Vence de 1681 à 1685, date de sa mort à Vence. Il appartenait à l’ordre franciscain des Récollets. On comprend qu’il ait fait don d’un tableau représentant le saint patron de son ordre à une confrérie elle-même d’inspiration franciscaine.
  2. Bourchenu n’a énuméré que dix-sept tableaux, dont deux dont le thème n’est pas indiqué.
  3. Ceci donne à penser que la chapelle latérale que l’on voit aujourd’hui, en entrant dans la chapelle des pénitents blancs, faisait alors partie de la sacristie. Vestige de la chapelle primitive, les restaurateurs actuels viennent d’en jointoyer les pierres avec du ciment et de colorer ces joints, par un irrésistible besoin de crépir et de colorier. Ils prétendent donner à l’ancien l’aspect du neuf.
  4. Ce caractère mixte des pénitents blancs de Vence est un point intéressant. Il faudrait vérifier s’il se retrouve dans toutes les confréries de la région placées sous le patronage de saint Bernardin. Peut-être cette mixité est-elle l’indice que les membres de la confrérie se recrutent dans un milieu plus populaire que les pénitents noirs.
  5. L’église tient à ce qu’il ne se dise aucune messe dans les chapelles avant la messe du prône où elle informe les fidèles de tout ce qui concerne la vie paroissiale.
  6. A cause de la mixité, l’église redoute que les chapelles restent ouvertes après la nuit tombée. On verra que cela pose un problème pour le jeudi saint.
  7. Cet usage de sonner dans les rues est toujours en vigueur en 1855. A propos des enterrements, Tisserand écrit, dans Un touriste à Vence, p. 173 : « Cependant des enfants sonnent des clochettes dans le pays pour rassembler les différents confrères », Avant la dernière guerre, les enfants de chœur parcouraient la ville en faisant sonner des crécelles, un certain jour de la semaine sainte.