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qui forme un grande armoire dans laquelle on met les reliques que nous avons vues dans la sacristie. Il y a encore audit lieu six caisses, trois grandes et trois petites. Dans l’une des grandes sont les ossements de saint Lambert. Dans l’autre[1], ceux de saint Véran, toutes les deux cachetées des armes de M. de Crillon, archevêque de Vienne, notre prédécesseur. Dans la troisième, des reliques de plusieurs saints, données par Paul IIIe, pape, lequel avait été évêque de Vence. La caisse est dorée par-devant, avec un cartouche au milieu dans lequel est écrit : Reliq. storum. Cosmae et Arnulphi missae a Paulo 3e quonda. episc. Venc.[2]. Cette caisse a été ouverte pour y prendre des reliques qu’on mit dans la pierre sacrée du grand autel, il y a quelques années, lorsqu’on la consacra. Nous l’avons faite fermer avec le sceau de nos armes. Une des petites caisses ou boette[3] a été donnée par Alexandre, marquis de Villeneuve[4]. Elle renferme des reliques de sainte Joconde et de saint Faust. Elle n’a pas encore été ouverte. Une autre contient les reliques des saints Severian, Crescent, Fabien, Aurélien, Donat et Pauline. L’authentique dit qu’elles ont été données à un religieux mineur observantin nommé Michel-Ange Commande[5]. La caisse avait été ouverte par-dessous. Nous avons fait sceller du sceau de nos armes l’endroit où était le cachet qu’on avait rompu pour l’ouvrir et nous avons fait écrire au-dessus de ladite boite les noms des saints dont elle renferme des reliques. La troisième petite caisse n’a pas été ouverte. Elle est cachetée des armes de la maison de Villeneuve, mais il n’y parait point d’authentique.

[17] Ladite armoire est fermée par une grille de fer à laquelle il y a deux serrures. Sur ladite grille il y a une porte de bois, à laquelle il y avait aussi deux serrures. Il y en manque une[6]. Il manque une clef à une des serrures de la grille de fer. On doit nous remettre une desdites clefs. Le sieur prévôt en doit avoir une. Il y a au-devant de ladite chapelle une lampe pour l’entretien de laquelle M. Barcillon donna quinze livres par an. M. de Roquefort, de Saint-Paul, a coutume de payer au sous-sacristain qui se charge de l’entretien[7]. Depuis la mort des oliviers, on n’allume pas cette lampe pendant la nuit[8]. Ladite chapelle n’est pas fondée[9]. Le chapitre a soin d’entretenir l’autel[10].

  1. Bourchenu avait d’abord écrit qu’il n’y avait que cinq caisses, dont deux grandes.
  2. Lire : Reliquiae sanctorum Cosmae et Arnulphi, missae a Paulo tertio, quondam episcopo venciense", c’est-à-dire : "Reliques des saints Côme et Arnoux, envoyées par Paul III, jadis évêque de Vence". Les reliques envoyées par Paul III(ou plutôt par Alexandre Farnèse avant qu’il ne devînt pape) sont en bien plus grand nombre que cette inscription ne le donne à penser.
  3. sic pour boîte.
  4. Alexandre de Villeneuve, seigneur de Vence, le premier de cette maison à prendre marquis (1643-1698), d’après Juigné de Lassigny, Histoire de la maison de Provence, vol. I Généalogie, Lyon, 1900, page 277. Le seul Villeneuve dont on sache qu’il gratifié l’église de Vence de quelque don. La plus ancienne cloche actuellement au clocher de la ville porte son nom et la date de 1674. Je ne sais si c’était un don de sa part. Je croirais plus volontiers qu’il s’agit d’un "emprunt" fait pendant ou après la Révolution, pour pallier l’absence des cloches, envoyées à la fonte au moment où la Patrie était en danger. Au début du XVIIe siècle, l’évêque et le baton s’étaient mis d’accord pour empêcher l’hôtel de ville d’utiliser sa propre cloche pour convoquer le conseil de la communauté. Ils exigèrent et obtinrent que ces convocations soient sonnées par la cloche du château ou sur celle du palais épiscopal, chaque année alternativement, ce qui provoqua quelques incidents, quand le valet de ville trouvait la porte fermée ou la cloche sans corde.
  5. . On ne sache pas qu’aucune de ces reliques, sauf, bien entendu, celles de Véran et de Lambert, aient jamais fait l’objet d’une vénération particulière à Vence. Seul Donat avait fait l’objet d’un culte, concrétisé par une chapelle. Il me semble que pour avoir de la valeur il était nécessaire que la relique fasse l’objet d’une demande, c’est-à-dire que la dévotion existe avant la relique.
  6. L’intérêt de la double serrure était que deux personnes différentes détenaient chacune une clef et par conséquent ne pouvaient ouvrir l’une sans l’autre. Les reliques en renom avaient fait l’objet de vols, au Moyen Age. Tel avait été le cas, à Vence, de celles de saint Lambert. Elles furent ensuite recouvrées.
  7. Un Barcillon, sieur de Roquefort, descendant collatéral du chanoine.
  8. Les oliviers périrent pendant l’hiver de 1709, qui a laissé un terrible souvenir dans l’histoire.
  9. Comprendre que personne n’a constitué un fonds ou capital dont les intérêts eussent servi à rémunérer la célébration d’un office religieux.
  10. 75 Situation insolite. L’entretien des autels est généralement à la charge de confréries. Mais ici l’autel, dédié à des reliques, ne fait l’objet d’aucune dévotion particulière.