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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/18

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Et je regarde, hélas ! avec mélancolie,
Cet essaim turbulent, égoïste et joyeux
Auquel un doux lien mystérieux me lie,
Et qui demain jouera, guetté par d’autres yeux,
Puis s’éparpillera vers les fleurs de la vie…


D’autres ont précédé, que j’ai conduits aussi,
Qui furent de tous points semblables à ceux-ci,
Et qui vont maintenant dispersés sur les routes,
Tristes ou gais, forts de leur foi, ronges de doutes.
Montant d’un pas rapide ou lent au but promis,
Et quelques-uns déjà connaissant les déroutes,
Et d’autres disparus à jamais, endormis
Dans la mort, oubliés même de leurs amis…


Et tous ont joué là les jeux que l’on y joue
À cette heure, entre deux classes et deux efforts,
Et ceux-ci vont bientôt prendre aussi leurs essors,
Même toi, cher petit, qui, la main à la joue,
Là-bas, près d’un pilier, fixes tes beaux grands yeux
Sur ma vitre et sur mon visage soucieux,
Étonné — puisque dès demain je serai libre,
Et que ton cœur, à ce seul mot, tressaille et vibre —
De me voir attristé. — Sans doute, oui, je m’en vais