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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/19

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Vers le repos permis, vers le bois ou la grève,
Reprendre où je l’avais laissé jadis mon rêve ;
Mais une voix me dit : « Ce que tu leur devais,
À ces pauvres enfants, le leur as-tu, sans trêve,
Tous les jours, à toute heure, également donné ?
As-tu sévi quand il fallait, ou pardonné,
Encouragé, guidé, trouvé ce qui relève,
Ce qui guérit, ce qui fait qu’on devient meilleur?
As-tu su t’abstenir toujours du trait railleur
Qui, tel qu’un aiguillon de guêpe venimeuse,
Vit longtemps dans la plaie et l’avive et la creuse?
As-tu sous le savoir livresque, en soi si vain,
Mis, comme sous la pâte on place le levain,
Un ferment d’idéal qui l’échauffe et l’anime? Leur as-tu fait lever leurs regards vers la cime
Où d’imprudents bergers, un jour, se sont vantés
D’avoir, sous leur poing frêle et sous leur souffle infime,
Éteint à tout jamais les anciennes clartés… »


Je ne sais, je ne sais… Et c’est pourquoi, morose,
Au moment de quitter tout ce peuple d’enfants
Qui remplissent l’air froid de leurs cris triomphants,
Je reste là, le front contre la vitre close,
Longuement; je m’attarde à couver leurs ébats;