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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/23

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Les voir aller, penser, s’aimer sans jalousie ;
Admettre contre nous qu’ils ont parfois raison,
Et que leurs rêves ont aussi leur poésie,
Et qu’on peut, sans l’abattre, embellir la maison ;


Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu’ils vogueront sur les flots hasardeux,
Et devenir discret sans devenir sauvage,
Se laisser oublier d’eux en vivant près d’eux ;


S’estimer bien heureux si, dans les jours de fêtes,
Ils daignent quelquefois se souvenir de nous,
Et si nos petits-fils, blondes ou brunes têtes,
Prennent la place des ingrats sur nos genoux ;


Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi ;
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l’un aux tisons, l’autre à l’ancienne foi ;


Puis, un soir, s’en aller sans trop causer d’alarmes,
Discrètement, mourir un peu comme on s’endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu’ils ne sachent que plus tard ce qu’est la mort :