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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/22

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Avec sincérité, dès que l’aube se lève,
Se bien persuader qu’on est plus vieux d’un jour ;
À chaque cheveu blanc se séparer d’un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour ;


Quand l’amour fuit devant nos hivers et nos rides,
Comme un oiseau frileux, ne pas s’en désoler ;
Et même s’il revient en des retours rapides
Et nous sourit encor, — le laisser s’en aller ;


Si quelque amie, au cœur de sœur plus que d’amante,
Très bonne, offre ses mains à notre front lassé,
Repousser doucement sa tendresse clémente,
Dénouer ce dernier lien d’un cher passé ;


Rétrécir l’horizon des projets et des tâches,
Pour élargir celui de l’au-delà sans fin,
Éviter de son mieux les regrets vains et lâches
Qui des restes d’hier voudraient nourrir demain ;


Aux appétits grossiers infliger d’âpres jeûnes
Et nourrir son esprit d’un savoir simple et sûr,
Devenir doux, devenir bon, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, l’espérance et l’azur ;