Page:Fabié - Fleurs de Genêts, 1920.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


N’est-il pas vrai qu’avant d’avoir vu d’une lieue,
À l’endroit que le cœur sait toujours retrouver,
Du toit encor caché doucement s’élever
La fumée en spirale ou blonde, ou blanche, ou bleue,

Nous avons tressailli, parce qu’à l’horizon,
Couronnant le coteau qui masque le village,
Un vieil arbre isolé, tordu, noir, sans feuillage,
Se dresse, et semble nous montrer notre maison ?

― Chêne, hêtre ou buisson, ― quelque arrière-grand-père
Sur ce sommet désert le planta de ses mains,
Afin qu’aux malheureux perdus par les chemins
Il servît de signal et de point de repère.

La foudre l’a fendu, le givre l’a gercé,
L’orage mille fois l’a battu de son aile ;
Mais il reste debout, tenace sentinelle,
Fier du poste d’honneur où l’aïeul l’a placé.