Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/151

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gardes et elle faisait beaucoup de sang, de sorte qu’elle a refui très loin, ne la pouvant suivre par l’impossibilité du païs. Aujourd’hui j’ay envoyé les valets de limiers pour reconnaître si elle étoit revenue, ils n’ont revu que les louveteaux qu’ils n’ont pu détourner et que sûrement nous irons chercher demain…

« Antoine[1]. »


Le 8 octobre, M. Antoine annonce que M. le Comte de Tournon est revenu avec sa meute pour achever l’extermination des loups qui restent.

Il demande, en outre, combien il peut donner « au chirurgien qui a pansé pendant quinze jours l’enfant du Bessat, paroisse de Pignols (Pinols), en Auvergne, auquel la Bête avoit tordu le col, et qui est tout à fait dans le besoin[2] ».

« Nous ne savons pas encore si la louve blessée à sang est morte, nous la recherchons dans les environs où elle a été blessée ainsi que ses deux louveteaux ce qui est de la plus grande conséquence à détruire quoi qu’on nous mande ailleurs que deux loups ont dévoré onze moutons en une semaine, de deux hameaux seulement, mais nous nous flattons que si nous avons détruit cette louve et sa maudite race, notre besogne sera bien avancée, ainsi que la saison ici qui nous forcera de discontinuer et de nous en aller.

« Comme je finissois ma lettre, Madame la prieure de l’abbaye des Chazes me vient de mander que les deux louveteaux de cette maudite race ont reparu dans les bois, sans qu’il soit fait mention de la louve blessée en dernier lieu, nous y envoyons ce soir trois valets de limiers, et demain nous irons tous ensemble pour détourner ces deux louveteaux que nous n’avons pas voulu détruire, sans auparavant avoir détruit cette louve.

« Antoine[3]. »
  1. Ibid. C. 1736.
  2. On lit dans les comptes de dépenses cette note : « État des services randu au nomé Peirechon domestique du métayer du Bessat qu’il fut blessé par la Bête féroce le trese sétanbre, auquel jay reste quense jours pour le gérir radicalment et jay fournis trois livres dix sols des ongans ou vin. » Il n’y a aucun chiffre au total de ce compte.
  3. Ibid. C. 1736.