Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/150

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et lesdits valets de limiers ont fait tous les bois qui nous entourent et n’ont rien trouvé. Nous irons demain, suivant vos bons avis, coucher à l’abbaye des Chazes pour tâcher de détruire la louve et les louveteaux, suivant ce que vous me marquez d’assez intéressant à ce sujet.

« Antoine[1]. »


« J’ai l’honneur de vous écrire, sans enveloppe fautte de papier, que je me suis rendu icy pour exterminer la veuve et les enfants de la beste que je vous ai envoyée. J’ay profité de votre avis ; nous les avons chassés hier quatre heures de suite, dans des bois si fourés, entrecoupés de roches de façon qu’ils sont impénétrables, de façon que nos chiens se sont randus, de façon que nous avons été obligés de nous retirer ; cependant deux maladroits tireurs de Langeac ont manqué la grande louve bien près de l’endroit où ils l’ont tirée. Messieurs de Langeac nous traitent fort mal en tireurs ; ils nous envoient des gens qui n’ont jamais porté de fusil, de douze ans ou bien treize au plus ; cependant j’en avoir pris 30 que j’ai payés chacun 12 sols sans aucun batteur, ayant des chiens qui valent mieux que 400 batteurs.

« À l’abbaye de la Chaze en Auvergne, ce 28 septembre 1765.

« Antoine[1]. »


La Cour suivait avec beaucoup d’intérêt les nouvelles chasses, — on peut en juger par les lettres que M. de Saint-Florentin écrivait à l’Intendant d’Auvergne — et M. Antoine avait été prié de donner sur ses opérations les détails les plus circonstanciés, ce dont il s’acquittait très ponctuellement.


« 5 octobre. Je n’ay pas manqué de faire tout mon possible pour détruire la grande louve et deux louveteaux qui restoient de celui que j’ai tué dans le bois de l’abbaye royale des Chazes. Nous les avons chassés hier pour la troisième fois ; dans la seconde chasse, elle avait été tirée deux coups par des maladroits qui ont été sans effet ; hier, elle a été tirée par deux de nos

  1. a et b Archives du Puy-de-Dôme. C. 1736.