CHAPITRE XIX
1766
’évidence en était manifeste, ces populations ne voulaient
pas chez elles de chasseurs étrangers, dont la
présence pesait lourdement sur ces campagnes appauvries
et ajoutait encore aux misères du jour. Les consuls de
Saint-Flour, et après eux M. de Morangiés, l’avaient fait
entendre, et le prieur de Lorcières s’en était clairement expliqué
au ministre lui-même.
En face de cette répugnance, M. de Saint-Florentin avait été d’avis, on l’a déjà vu, que l’on s’en tînt au moyen plus simple et moins dispendieux qu’il indiquait. Des chasses particulières s’étaient organisées, dont M. d’Apchier prenait le plus souvent la direction ; les meilleurs tireurs et les plus ardents chasseurs s’étaient enrôlés sous ses ordres. Tous ceux qui portaient un fusil se levèrent, les uns pour venger leurs parents dévorés, les autres pour délivrer leur pays, et vinrent tenter de déloger et mettre à mort les fauves redoutés.
Et aux jours où le temps s’y prêtait, aux heures où les récoltes leur en laissaient la liberté, ces bandes de chasseurs fouillaient les bois et les taillis, exploraient les cavernes et les carrières de difficile accès, et se transportaient en un clin d’œil partout où le monstre était signalé. Durant une année tout