Aller au contenu

Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À Saint-Privat-du-Fau : Étienne Loubat, le 11 avril[1].

À Nozeirolles, Louise Soulier, le 7 avril, Roze de la Taillère le 29, Catherine Coutarel le 5 mai, et André Hugon le 27. C’est la septième victime prélevée sur cette paroisse qui comptait à peine deux cents habitants.

La férocité bestiale de cet animal maudit s’était singulièrement accrue : treize personnes venaient d’être dévorées en deux mois environ !

Est-ce que cette série de malheurs allait continuer ?

Et comme les chasses, abandonnées à l’initiative privée ne donnaient ni ne promettaient le résultat désiré, il fallut recourir à d’autres moyens.

Le ministre avait envoyé aux Intendants d’Auvergne et de Languedoc plusieurs méthodes d’empoisonnement pour être mises à l’essai, ce fut ce procédé que l’on adopta pour tenter de se défaire de la Bête.

Parmi ces méthodes, les unes étaient simples, les autres compliquées. Un imprimé (sans nom d’imprimeur), des Archives du Puy-de-Dôme (C. 1739) est ainsi libellé :


« Secret pour empoisonner les loups sans aucun risque pour tout autre animal.

« Tués un chien, les plus gros sont les meilleurs, pendant qu’il sera chaud faites lui plusieurs ouvertures dans les chairs comme au rable, cuisses et épaules, mettez dans chaque ouverture de la noix vomique râpée tout récemment de la grosseur d’environ une petite noix, bouchés le trou avec quelque mauvaise graisse ou viandes afin que la noix vomique ne sorte pas.

« Attachez le chien par les quatre jambes avec un lien d’ozier et non avec de la corde, mettez-le dans un fumier de cheval pendant quatre ou cinq jours en Hyver, et pendant vingt-quatre heures seulement en été, faites traîner l’animal à quelque distance de l’endroit où vous voudrez l’exposer, qui doit être où les loups fréquentent le plus, comme le long des rivières, Torrents, Étangs, Bois et Montagnes.

  1. Le 11 du mois d’avril 1767, a été inhumé Étienne Loubat, âgé d’environ 9 ans, dévoré par la Bête féroce…
    Chaleil, prieur. » (Archiv. du Greffe de Riom.)