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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/21

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animal. M. le comte de Moncan me mande, M., qu’il a eu l’honneur de vous écrire à ce sujet pour vous prier de vouloir bien faire donner des ordres en conséquence pour que MM. les maires et consuls soient prévenus de mon arrivée, si j’étois relativement à ma commission obligé de m’y transporter avec mon détachement.

« Comme je n’ai rien tant à cœur que de tâcher de parvenir à détruire un monstre dont le publique souffre journellement, je vous supplierois, M., de vouloir bien faire ordonner à tous les maires et consuls de la généralité d’Auvergne, qu’ils ayent à m’informer sur-le-champ si le hazard faisoit qu’on y aperçut cette cruelle Bête, ayant l’attention d’employer pour cela des exprès sûrs et de ne donner que des nouvelles bien positives à cet égard, en me les adressant à Saint-Chély ; comme la prière que j’ai l’honneur de vous faire a pour objet le bien publique, je me flatte que vous voudrez bien l’approuver…

« À Saint-Chély, le 14 décembre 1764.

« Signé, Duhamel[1]. »


Ces mesures prises n’étaient point inutiles.

Au lendemain même de ce jour, l’on comptait une nouvelle victime. Aussitôt les consuls de Saint-Flour avertirent l’Intendant d’Auvergne de l’événement arrivé :


« Mgr… En exécution des ordres portés par l’honneur de votre lettre nous nous hattons de vous donner avis que la bette féroce est à deux lieues de cette ville et qu’elle dévora le quinze du courant à dix heures du matin auprès du village de Sistrières et aux environs des bois de Mgr de la Tour près la montagne de la Margheride, une fille âgée de quarante cinq ans, appelée Catherine Chastang, du lieu de la Fage, paroisse de Védrines-Saint-Loup. La tette de cette fille fut trouvée à cent pas du corps et le corps ettoit dévoré en partie. Cette malheureuse fut surprise par cet animal en gardant ses bestiaux. Depuis ce triste événement ce monstre n’a pas été veu de personne, et les habitants ont fait une chasse qui n’a rien produit.

  1. Archiv. du Puy-de-Dôme. C 1731. Doc. inédit.