Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/66

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On ne se doute point de ce que sut imaginer de combinaisons saugrenues et de conceptions insensées l’imagination délirante de quelques inventeurs.

Le plan, aussitôt conçu, était envoyé à l’Évêque de Mende ou à l’Intendant, pour être mis à exécution, et les archives de l’Hérault (C. 44.) conservent plusieurs lettres, offrant chacune un système varié pour la destruction certaine de la Bête.

De ces lettres, reproduites par M. l’abbé Pourcher (p. 253 et suiv.), nous ne citerons que les deux plus singulières, à titre de pure curiosité.

 
Déjà cent malheureux, conduits sur son passage,
Avoient éprouvé sa fureur.
Pour se saisir de la Bête cruelle,
Un jour mille chasseurs battirent les forêts.
Mais, hélas ! trop faibles contr’elles,
Ils la virent braver leurs traits.
Et d’une cruauté nouvelle,
Étaler à leurs yeux les terribles effets.

Leur chasse, cependant, ne fut pas inutile,
Nombre de loups à qui ces bois,
Depuis longtemps, servent d’asile,
Y furent pris pour cette fois.
Petits brigands, quand la justice
Poursuit les scélérats fameux,
S’ils échappent à leur supplice,
Elle vous prend en courant après eux.
Et c’est toujours, faute de mieux,
Nous rendre un signalé service.

POURCHER, p. 309.


L’une des complaintes commençait par le couplet suivant :

 
Courage, chasseurs de France,
Partez pour le Gévaudan,
Allez-y en diligence,
Ne perdez pas un moment,
Poursuivre cette Bête
Qui ravage ce pays,
Et votre fortune est faite,
Si vous remportez le prix.

F. ANDRÉ, p. 32.