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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/65

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CHAPITRE VI

MÉTHODES DE DESTRUCTION DE LA BÊTE
DÉPART DE M. DUHAMEL



Une si grosse récompense promise avait fasciné les esprits et éveillé toutes les convoitises.

Si l’on trouvait un procédé de destruction, et si le succès en suivait la mise à l’essai, l’on aurait part, sans aucun doute, à la gratification annoncée.

Aussi les cerveaux se creusèrent, et les esprits ingénieux mirent à la torture leurs facultés inventives, pour découvrir une méthode qui put faire périr infailliblement le monstre poursuivi[1]

  1. Là où l’imagination se donnait également libre carrière, et épuisait, sans vergogne, toutes ses ressources, c’était dans la confection des figures ou portraits de la Bête qu’en cette époque on répandait à profusion.
    On la représentait de toutes les façons et sous les formes les plus invraisemblables, et ce qu’il y a de singulier, c’est que chacune de ces estampes, au dire de la légende qui l’accompagnait, « était très fidèle… le vrai portrait de la Bête. » Ces gravures prématurées étaient passablement téméraires : on avait si peu vu cet animal jusque-là insaisissable !
    Des complaintes étaient aussi colportées, et un apologue du Mercure de France (août 1765), était ainsi formulé :
    « LA BÊTE FÉROCE »

    Fléau d’une province, un monstre anthropophage y répandoit le carnage et l’horreur.