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La bibliothèque libre.
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caisse, que l’employé du fond se décidait à détacher un autre volume du rayon, lequel volume était acheminé de la même manière.

Parfois, le livre stationnait en route. On l’ouvrait pour voir s’il ne contenait pas quelques gravures. Si, par hasard, il y en avait, la chaîne se rompait, on formait un groupe pour les mieux voir. Pendant ce temps-là, l’homme assis près de la caisse se délassait les jambes et l’employé du fond se reposait les bras.

Au bout de quinze jours, il y avait vingt-cinq caisses de prêtes. Les cinquante hommes, mis sur les dents par ce travail sans relâche, demandèrent un jour de repos. Il leur fut, naturellement, accordé.

Les employés de la bibliothèque, qui avaient Uni leur tâche, en profitèrent pour venir voir ce qu’avaient fait durant ces quinze jours leurs cinquante collaborateurs. Ils trouvèrent les vingt-cinq caisses, et une vingt-sixième qui n’était pas fermée à clous, six heures ayant sonné au moment où l’on mettait le couvercle. Ils se mirent à l’œuvre et firent huit à dix caisses dans la journée.

Les cinquante travailleurs de la bibliothèque crurent à un prodige. Néanmoins, ils se piquèrent d’honneur et firent bravement après cela leurs trois ou quatre caisses par jour.

Sans l’intervention des employés réguliers, le même système eût continué, et se serait tout doucement étendu à tout le transport de la bibliothèque ; de sorte qu’à l’heure qu’il est, il y aurait des ouvrages dont le premier tome serait à Ottawa et le dernier encore à Québec.


Un de mes amis causait avec une demoiselle qui a fait bien des malheureux, il y a quelque vingt ans.

Cette demoiselle, qui est entichée de préjugés et de préten-