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À LA CAMPAGNE.


6 août 1867.


Chaque jour, je reçois la visite de quelques-uns de mes abonnés de la ville qui me demandent de leur faire expédier le journal à la campagne. Personne ne veut rester au logis en cette saison. Ceux qui ne peuvent s’absenter longtemps vont du moins à l’Île d’Orléans ou à Charlesbourg s’étendre une après-midi sur l’herbe fraîche. Cela leur donne le droit de dire, en rentrant en ville, qu’ils arrivent de la campagne. Si on ne les presse pas de questions indiscrètes, on reste sous l’impression qu’ils y ont passé un mois et on leur trouve un air de santé qu’ils n’avaient pas auparavant.

L’exemple de mes abonnés, toujours bon à suivre lorsqu’ils paient régulièrement, m’a séduit. Sans plus de façons, je me suis accordé un congé. Deux ou trois jours durant, j’ai respiré la senteur des champs, au lieu de l’odeur de l’encre à imprimer, et j’ai laissé paisiblement chevaucher mes pensées par monts et par vaux, sans crainte de les voir soudain changées en article.