Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/175

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habitude est d’envoyer de temps à autre une caisse d’eau-de-vie à mes intimes. Cela lui mettra l’eau à la bouche.

Insinuez à Madame Serveille que nous l’inviterons à venir passer une partie de la session dans la capitale ; que nous la conduirons aux bals des ministres et aux dîners du Gouverneur ; et elle ne laissera de repos à son mari que lorsque j’aurai été élu.

Reste la question du double mandat. Vous direz aux électeurs de V. que les électeurs de St. *** veulent à tout prix que j’aille aux deux chambres, comme vous avez fait croire au bon peuple de St. *** que le peuple de V. ne consentirait jamais à ne me laisser accepter qu’un seul mandat. Le notaire G., le Dr. Boisec et le marchand Serveille aidant, la paroisse de V. ne voudra pas refuser d’acquiescer au désir de la paroisse de St. ***, ni la paroisse de V. refuser de se rendre au vœu de la paroisse de St. ***

Et tout ira bien.
Votre dévoué,
A. B.
(autre lettre.)

Mademoiselle Marie O. à Mademoiselle R. à Cacouna.

Il n’y a plus personne en ville depuis que tu es partie. On te soupçonne violemment d’avoir enlevé les quelques jeunes gens qui nous restaient. Regarde bien dans ta malle pour voir si tu n’en as pas emporté deux ou trois par mégarde.

Avant-hier cependant, j’ai rencontré le beau X… Il s’est excusé d’être encore en ville. Il rougissait en m’avouant qu’il avait remis jusqu’aujourd’hui son départ pour la campagne. Pour rien au monde, il n’aurait voulu se montrer sur la plateforme.

Quand il n’y a pas de jeunes gens en ville, qu’est-ce qu’une