Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/196

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tude de vivre, dormir et souper aux côtés du gouvernement. Chaque année, on sonnait la cloche sur la Plateforme, et aussitôt le parlement paraissait, de l’autre côté de la rive, frais, pimpant, endimanché, plus jeune que jamais. La vieille capitale et le beau parlement flirtaient ensemble.

Nous avons eu, il est vrai, la législature locale ; mais une session d’un mois et demi ne saurait assouvir l’appétit d’une ville, qui consommait des séances de vingt-quatre heures, sans en éprouver la plus légère incommodité.

Nous nous ennuyons de ne plus entendre M. McKenzie. Nous aimions à voir M. Rymal. À mon retour d’Ottawa, quelqu’un m’a demandé si M. Tom Fergusson avait vieilli, depuis l’avènement de la confédération.


Après les affaires politiques, le sujet de nos préoccupations est le pont de glace devant la ville.

Les anciens ne s’entendent pas sur la date de son départ. Les uns prétendent reconnaître, à certains signes, qu’il n’a pas hâte de s’en aller ; les autres pensent, au contraire, qu’il fait ses malles à la sourdine.

On ne sait même pas au juste si, actuellement, il est solide ou non. La discussion est interdite sur ce point : les privilèges accordés par la constitution anglaise s’arrêtant au rivage.

Tant que le pont n’est pas parti, il doit être considéré comme le meilleur que nous ayons eu. Il faut le traverser sans manifester aucune inquiétude. Si l’on retournait seulement la tête, on serait, à l’instant, changé en Montréalais !