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NOËL.


Québec, 28 décembre 1868.


À Montréal, la messe de minuit avait été supprimée, à peu près dans le même temps que les cérémonies gallicanes, mais pour d’autres causes. Je n’ai pas à discuter les motifs qui avaient amené cette mesure de rigueur, cette atteinte portée à ce côté brillant et pittoresque de la religion qui séduisait tant Chateaubriand et que, même après lui, le vicomte Walsh (voir la plupart des journaux, la veille des grandes fêtes) a si bien décrit. Il n’y a pas de doute qu’on n’avait dû se résoudre à un tel sacrifice qu’avec un vif regret, qu’avec un serrement de cœur et pour des raisons graves.

Bon nombre de gens ne vont pas à la messe de minuit par piété, par amour du recueillement, par tendre et fervent respect pour les grands mystères ; ni par sentiment religieux et émotion toute surnaturelle, afin de ressaisir les plus douces visions chrétiennes de leur enfance, devenues les solides croyances de leur âge mûr, et les espérances lointaines qui flottent sur leur avenir.