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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/228

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Le Marchand. — Nos deux jeunes amis se laissent entraîner par leur âge ; ils exagèrent. Sans doute, il faut de l’argent : il y a tant de petits frais, voitures, traites, salles de comité… etc… ; mais il n’en faut pas tant qu’on le dit. Avec £200, je me rends responsable de l’élection. C’est peu pour un si grand résultat.

Le Candidat. — Je trouve cela énorme, moi.

Le Marchand. — Mais songez donc à l’honneur, au désappointement de votre adversaire, à la joie de votre femme qui ira passer l’hiver à Québec, à votre neveu qui vous est à charge et que vous pourrez faire nommer à un emploi public, grâce à un vote complaisant ; enfin aux £150 d’indemnité parlementaire par année !

Le Candidat. — Enfin, s’il le faut, je dépenserai £200, mais pas plus.

L’Orateur. — C’est le secret de l’avenir. Passons à autre chose. Il faudrait avoir la liste électorale de la paroisse, afin de distribuer à chacun un certain nombre d’électeurs à voir.

Le Candidat. — Je l’ai oubliée chez moi.

L’Orateur. — Pourquoi n’avez-vous pas oublié de venir ici ! l’amoureux. — Je vais chercher la liste. (Il sort.)

L’Orateur. — Je n’ai pas confiance dans ce petit jeune homme. Je crois que c’est un traître. Son discours de tantôt m’a donné des doutes sur son zèle pour notre cause et sur la solidité de ses principes.

Le Marchand. — Il est trop amoureux de la petite de notre candidat, pour ne pas se faire dévorer, s’il le fallait, pour elle et pour lui.

L’Orateur. — En attendant la liste des électeurs, quelle majorité pensez-vous que nous aurons dans cette paroisse-ci ?

Premier Électeur. — Nous aurons les deux tiers, si on y met de l’activité.