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LA SAISON DES PLUIES.


Cacouna, 15 août 1866.


Si je ne vous ai pas écrit plus tôt, c’est que j’étais mouillé jusqu’aux os et qu’il pleuvait dans mon encrier. Maintenant que je suis à peu près séché des récentes pluies, je vais vous faire part de mes impressions sur la campagne. Voilà trois jours que je passe au soleil pour me débarrasser de l’humidité qui m’avait pénétré de part en part. Quel été, chers citadins, un été qui vaut bien deux hivers pour les rhumatismes ! Je connais des gens qui se portaient à merveille en ville et qui se sont imaginés qu’ils ne pouvaient se dispenser d’aller à la campagne. De florissants qu’ils étaient, ils sont devenus maigres, pâles et languissants. Un bon nombre ont été forcés de regagner la ville pour s’y faire guérir des maladies qu’ils avaient attrapées à la campagne, où ils étaient venus se reposer des fatigues qu’ils n’avaient point éprouvées. Un rhume épais planait sur les champs et saisissait les gens à la gorge. On reconnaissait ceux qui arrivaient de la ville à ce qu’ils