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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/154

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LA PLANTE

vent se prêter à des améliorations. La plupart sont restées pour nous sans utilité ; mais d’autres, prédestinées sans doute, créées plus spécialement en vue de l’homme, se sont faites à nos soins et par la culture ont acquis des propriétés d’une importance capitale, car notre nourriture en dépend. L’amélioration obtenue n’est pas cependant si radicale, que nous puissions compter sur sa permanence si nos soins viennent à faire défaut. La plante tend toujours à revenir à son état primitif, comme si elle avait regret de s’être ralliée à l’homme. Que le jardinier, par exemple, abandonne le chou-cabus à lui-même, sans engrais, sans arrosage, sans culture ; qu’il laisse les graines germer au hasard où le vent les aura chassées, et le chou s’empressera d’abandonner sa pomme serrée de feuilles blanches, pour reprendre les feuilles lâches et vertes de ses parents sauvages. La vigne pareillement, affranchie des soins de l’homme, deviendra dans les haies la maigre lambrusque, dont toute la grappe n’équivaut pas à un seul grain de raisin cultivé ; le poirier reprendra, sur la lisière des bois, ses longs piquants et ses petits fruits détestables ; le prunier et le cerisier réduiront leurs fruits à des noyaux recouverts d’une pellicule amère ; enfin toutes les richesses de nos vergers s’appauvriront jusqu’à devenir pour nous sans valeur.

Ce retour à l’état sauvage s’effectue même dans nos cultures, malgré tous nos soins, quand on a recours au semis pour reproduire la plante. On sème, je suppose, des pépins pris dans une excellente poire. Eh bien ! les poiriers issus de ces graines ne donnent, pour la plupart, que des poires médiocres, mauvaises, très-mauvaises même. Quelques-uns seulement reproduisent la poire mère. Un autre semis est fait avec les pépins de seconde génération. Les poires dégénèrent encore. Si l’on continue ainsi les semis en puisant toujours les graines dans la génération précédente, le fruit, de plus en plus petit, âpre et dur, revient enfin à la méchante poire du buisson. Un exemple encore. Quelle fleur mettre en parallèle avec