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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/155

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LA GREFFE

la rose, si noble de port, si odorante, d’un pourpre si vif ? On sème les graines de la superbe plante, et ses descendants se trouvent de misérables buissons, de simples églantiers comme ceux de nos haies. Rien d’étonnant : la noble fleur avait pour point de départ un églantier ; par le revirement du semis, elle reprend les caractères de sa race. Chez quelques plantes enfin, les améliorations acquises par la culture sont plus stables et persistent malgré l’épreuve du semis, mais à la condition expresse que nos soins ne leur feront jamais défaut. Toutes donc, abandonnées à elles-mêmes et propagées par semences, reviennent à l’état primitif, après un certain nombre de générations, chez lesquelles s’effacent peu à peu les caractères imprimés par l’intervention de l’homme.

Puisque nos arbres fruitiers, nos plantes ornementales, retournent plus ou moins rapidement par le semis au type sauvage, comment faire alors pour les propager sans crainte de les voir dégénérer ? Il faut recourir à la greffe, au marcottage, au bouturage, inappréciables ressources qui nous permettent de stabiliser dans le végétal la perfection obtenue par de longues années de travail, et de profiter des améliorations déjà obtenues par nos devanciers, au lieu de recommencer nous-mêmes une éducation à laquelle une vie humaine serait loin de suffire. Par la transplantation des bourgeons ou des rameaux, nous adjoignons à notre travail individuel le travail accumulé de nos prédécesseurs. La marcotte, la bouture et la greffe reproduisent fidèlement, en effet, tous les caractères de la plante sur laquelle elles ont été prises. Tels sont les fruits, les fleurs, le feuillage du végétal qui a fourni les bourgeons transplantés, et tels seront les fruits, les fleurs, le feuillage des végétaux issus de ces bourgeons. Rien ne s’ajoutera aux caractères que l’on veut propager, mais aussi rien n’y manquera. À des fleurs doubles sur le pied d’où proviennent la bouture et la greffe, correspondront des fleurs doubles sur les plantes issues de cette bouture et de cette greffe ; à telle nuance