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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/170

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LA PLANTE

membraneux, vert, qui supérieurement se termine en oreillette libre. Ce sont là les stipules. Mais la forme et l’ampleur de ces organes varient singulièrement d’une espèce végétale à l’autre. Tantôt les stipules sont libres et prennent un grand développement, qui pourrait les faire confondre avec les feuilles ; c’est ainsi que les feuilles pennées du pois (fig. 86) sont douées de deux énormes stipules bien plus grandes que les folioles ; on les distingue de celles-ci en remarquant qu’elles sont situées à la base même du pétiole et non échelonnées sur sa longueur. Tantôt elles sont soudées, soit au pétiole, comme dans le rosier, soit entre elles comme dans les astragales ; tantôt enfin elles entourent la tige et lui forment un étui que termine parfois une élégante collerette.

Dans bien des plantes, l’aubépine, le poirier, l’abricotier, les stipules n’ont qu’une durée très-éphémère ; elles tombent quand s’est épanouie la feuille qu’elles accompagnent. Leur principale utilité est de servir d’enveloppe protectrice aux feuilles encore fort jeunes. Examinez la sommité d’une tige de géranium. Vous verrez la feuille naissante abritée, de droite et de gauche, par de larges stipules, véritables courtines de son berceau. Lorsque la feuille est étalée, vigoureuse, à l’abri du péril, les stipules se dessèchent et se détachent.

Quelques figuiers, en particulier celui qui fournit la gomme élastique, sont plus remarquables encore sous ce rapport. Leurs jeunes feuilles sont roulées en cornet l’une dans l’autre, et chacune d’elles est revêtue d’un long capuchon formé par les stipules. Quand le moment opportun est venu, le capuchon stipulaire tombe, et la feuille qu’il abritait se déploie.

Votre attention ne s’est jamais probablement arrêtée sur la disposition que les feuilles affectent en se succédant de la base au sommet du rameau ; vous n’avez accordé à leur arrangement sur la tige que ce coup d’œil vague, irréfléchi, que l’on donne aux choses en soi indifférentes ; et si l’on vous demandait comment les feuilles