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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/190

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LA PLANTE

tordant sur leur courte base, elles s’assemblent par leurs faces supérieures. La sensitive relève les siennes, les couche à peu près suivant la longueur de leur support commun et les dispose en deux rangées imbriquées, accolées l’une à l’autre. En outre, les pétioles secondaires se rapprochent en un faisceau, le pétiole principal pivote sur son point d’attache, et la feuille entière, régulièrement pliée, se rabat de haut en bas. Cette attitude nocturne est précisément la même
Fig. 97. Oxalis corniculé.
que prend la sensitive soumise de jour à une excitation.

La même remarque s’applique aux diverses plantes chez lesquelles on peut exciter des mouvements : toutes prennent pour le sommeil la pose qu’elles affectent quand on met en jeu, d’une manière ou de l’autre, l’irritabilité de leur feuillage. Ainsi les trois folioles d’une feuille d’oxalis, quelque temps battues à petits coups, se plient en long et pendent au bout du pétiole. C’est exactement la disposition qu’elles auraient prise d’elles-mêmes aux approches de la nuit. Ainsi encore, un rameau de mimose ou d’acacia, longtemps et rudement secoué, replie ses feuilles comme il l’aurait fait sous la seule influence de l’obscurité. Telle est la cause du changement d’aspect qu’un vent prolongé peut amener dans le paysage : divers arbres, à feuillage difficilement impressionnable, finissent par céder aux secousses continues du vent et prennent en plein jour l’attitude nocturne.

La propension au sommeil est surtout remarquable dans le jeune âge ; puis, à mesure qu’elle vieillit, la