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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/189

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SOMMEIL DES PLANTES

se chiffonne négligemment ; enfin chacune s’arrange à peu près suivant les plis qu’elle avait dans le bourgeon.

C’est principalement dans les feuilles composées que la disposition pour le repos nocturne est frappante. Examinez de jour un acacia, une mimose, enfin un de ces arbres à feuilles composées pennées si fréquemment cultivés dans nos jardins. Examinez-le de nouveau à la tombée de la nuit. Quelle curieuse modification s’est opérée dans le port du feuillage ! L’arbre a totalement changé de physionomie. De jour, les folioles étalées de droite et de gauche du pétiole commun, donnent au feuillage un aspect touffu, un air de vigueur qui charme le regard ; le soir arrive, et les folioles, comme abattues de fatigue, se couchent l’une sur l’autre. Le feuillage semble maintenant dégarni ; il est d’aspect triste, souffreteux. On le dirait fané par la sécheresse, frappé à mort par le hâle du jour. Mais cet état est temporaire : demain, dès l’aurore, vous verrez l’arbre épanouir de nouveau ses feuilles aussi fraîches que jamais.

Avec quelques exemples, précisons l’état de sommeil. Dans les mimosées, les folioles, étalées à l’état de veille, se rabattent d’arrière en avant sur le pétiole commun et se recouvrent en partie l’une l’autre à la manière des tuiles d’un toit. Dans l’amorpha ligneux ou faux indigotier, dès les premiers rayons du jour, les folioles sont étalées horizontalement. À mesure que le soleil monte, elles montent aussi, et à midi elles pointent vers le ciel. Puis elles redescendent, et, quand la nuit approche, elles sont tout à fait pendantes, appliquées dos à dos au dessous du pétiole commun. Le baguenaudier, dont les gousses membraneuses et gonflées ressemblent à de petites vessies, endort ses folioles dans une position toute contraire ; il les applique deux à deux, par leur face supérieure, au dessus du pétiole. La casse de Maryland abaisse le soir les siennes, comme le fait le faux indigotier. De cette façon, les folioles d’une même paire devraient s’assembler par leurs faces inférieures et dormir dos à dos ; mais en se