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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/199

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STRUCTURE DES FEUILLES

nelée des Indes pique si cruellement, que la douleur dure plusieurs jours et peut aller jusqu’à provoquer des convulsions. Un voyageur rapporte que, visitant le jardin botanique de Calcutta, il fut piqué à trois doigts de la main par la terrible ortie. Pendant quarante-huit heures, la douleur fut des plus vives et accompagnée de légères contractions tétaniques. Les effets de la piqûre ne cessèrent que neuf jours après l’accident. Enfin l’ortie très-brulante de Java est désignée par les indigènes sous le nom de feuille du diable ; nom bien mérité, car, à ce que l’on assure, la piqûre de cette plante cause, une année durant, de cuisantes douleurs, provoque des accès de tétanos et peut même donner la mort.


Fig. 102. Appareil venimeux du Serpent à sonnettes.
Il ne sera pas sans intérêt de comparer ici la structure et le mécanisme du poil de l’ortie avec la structure et le mécanisme de l’arme venimeuse de l’animal, notamment de la vipère. Qui n’a vu les serpents darder entre leurs lèvres un filament noir, très-flexible, fourchu, qui va et vient avec une extrême vélocité. Pour beaucoup, c’est l’arme du reptile, le dard. Erreur grossière ! ce filament n’est autre que la langue, langue tout à fait inoffensive, dont l’animal se sert pour happer les insectes et pour exprimer, à sa manière, les passions qui l’agitent en la passant rapidement entre les lèvres. Tous les serpents, sans exception, en ont une ; mais un petit nombre seulement, vipère, céraste, serpent à sonnettes, etc., possèdent le terrible appareil à venin. Cet appareil se compose d’abord de deux crochets ou dents longues et aiguës, placées à la mâchoire supérieure. Les crochets sont mobiles. À la volonté de l’animal, ils se dressent pour l’attaque ou se couchent dans