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Page:Fabre - La Plante (1876).djvu/198

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LA PLANTE

masse cellulaire où se fait ce travail d’élaboration. Les poils glanduleux des cônes du houblon préparent la matière appelée lupuline, qui donne à la bière son bouquet et sa saveur amère ; ceux des gousses du pois-chiche produisent une substance à saveur très-aigre nommée acide oxalique.

D’autres poils sont remplis d’un liquide irritant, sorte de venin végétal qui, introduit dans les chairs, cause de vives démangeaisons. Tels sont ceux qui hérissent notre vulgaire ortie.
Fig. 101. Poil de l’Ortie.
Ils sont composés d’une cellule unique, renflée en ampoule à la base, et graduellement rétrécie en un long goulot qui se termine par un bouton sans orifice. L’ampoule est elle même en partie enchâssée dans un court support cylindrique qui, pour la recevoir, se creuse supérieurement en godet. Ce support, formé d’un tissu de fines cellules, paraît être le laboratoire où se prépare le liquide venimeux, enfin l’ampoule est le réservoir où il s’amasse. Quand un de ces poils, vrai stylet empoisonné, pénètre dans la peau, le bouton terminal se casse, et la fiole à venin, ainsi débouchée, verse son contenu dans la blessure par la contraction de sa paroi élastique. Le mélange de l’âcre liquide avec le sang est cause de la rougeur qui se manifeste autour du point atteint et de la douleur qu’on éprouve.

Qui ne connaît, pour avoir au moins une fois plongé par mégarde la main dans un fourré d’orties, les cuisantes démangeaisons suite de la piqûre des poils de la plante ? Ce n’est rien encore cependant par rapport aux effets de certaines orties des pays tropicaux, où la chaleur du climat exalte les propriétés végétales jusqu’à faire d’un simple poil une arme redoutable. L’ortie cré-