le charbon brûlé, elles défont ce qu’avait fait la combustion ; en un mot, elles séparent le charbon de l’oxygène qui lui était associé. Et n’allez pas vous figurer que ce soit chose facile que de ramener à l’état primitif deux substances mariées par le feu, que de débrûler une matière brûlée. Il faudrait au chimiste tout ce qu’il possède d’ingénieux moyens et de drogues brutales pour extraire le charbon du gaz carbonique. Eh bien ! ce travail, qui mettrait en action les plus violentes ressources d’un laboratoire, les cellules vertes l’accomplissent paisiblement, sans effort. En un rien de temps, c’est fait : le charbon et le gaz respirable, l’oxygène, se séparent, et chacun reprend ses propriétés premières.
Dépouillé de son charbon, le gaz redevient ce qu’il était avant de s’associer à lui ; il redevient gaz respirable, apte à entretenir et le feu et la vie. En cet état, il est rejeté par les stomates, pour servir de nouveau à la combustion, à la respiration. Il était entré gaz mortel dans les feuilles, il en sort gaz vivifiant. Il y reviendra un jour avec une nouvelle charge de charbon, il la déposera dans le magasin des cellules, et aussitôt épuré recommencera sa tournée atmosphérique. L’essaim va et vient de la ruche aux champs et des champs à la ruche, tour à tour allégé, ardent au butin, ou bien chargé de miel et regagnant les rayons d’un vol appesanti. L’oxygène est comme l’essaim de la ruche végétale : il arrive aux stomates avec une charge de charbon, butiné dans les veines de l’animal, sur le tison embrasé, sur les matières en putréfaction ; il le cède aux cellules et repart, infatigable, pour de nouvelles récoltes.
Quant au charbon provenant de l’acide carbonique décomposé, il reste dans le tissu des feuilles et entre comme élément dans la séve élaborée ou séve descendante, qui devient sucre, fécule, bois et autres matériaux organiques du végétal. Tôt ou tard, ces matériaux sont décomposés par la combustion lente ou la pourriture, par la combustion rapide, par la nutrition de