Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

ailes bourdonnantes, et vagabonde par les airs à la recherche de ses pareils. Les moucherons dansent en joyeuses bandes que le moindre souffle déplace ainsi qu’une colonne de fumée ; les phalènes et les teignes, en habit de noces, les ailes poudrées de poussière d’argent, les antennes étalées en panaches, prennent leurs ébats ou recherchent des endroits favorables pour y déposer leurs œufs ; le scolyte sort de ses galeries sous l’écorce de l’orme ; la calandre rompt sa cellule creusée dans un grain de froment ; les alucites s’élèvent en nuées des tas de blé ravagés et s’envolent vers les champs mûrs de céréales ; les pyrales explorent, qui les pampres de la vigne, qui les poiriers, les pommiers, les cerisiers, toutes affairées d’assurer le vivre et le couvert à leur calamiteuse progéniture.

Mais au milieu de ces peuplades en liesse, voici tout àDents de la chauve-souris.
Dents de la chauve-souris.
coup venir le trouble-fête. C’est la chauve-souris qui, d’un essor tortueux, va et revient, infatigable, monte et descend, apparaît et disparaît, piquant une tête d’ici, piquant une tête de là, et chaque fois happant au vol un insecte, aussitôt broyé, aussitôt englouti. La chasse est bonne. Moucherons, scarabées, papillons, abondent ; de temps à autre un petit cri de joie annonce la prise d’une phalène dodue. Et tant que le permettent les lueurs mourantes du soir, l’ardent chasseur poursuit ainsi son œuvre d’extermination. Enfin repue, la chauve-souris regagne quelque sombre et tranquille retraite. Le lendemain et toute la belle saison, la même chasse recommence, toujours aussi ardente, toujours aux dépens des insectes seuls.

Pour vous donner une idée du nombre de ravageurs, de papillons crépusculaires surtout, dont les chauves-souris nous délivrent, je vous citerai le passage suivant emprunté au