étoiles ne sont pas de faibles étincelles ; ce sont des astres énormes, comparables pour l’éclat et la grosseur au soleil, lui-même un million et demi de fois plus gros que la terre. — La chauve-souris, répète-t-on d’un commun accord, est un être malfaisant, hideux, venimeux, de mauvais présage, qu’il faut écraser sans pitié sous le talon. Non, affirme la science, mille fois non ; la chauve-souris est une créature inoffensive, qui, loin de nous faire du tort et de nous présager des malheurs, nous rend un service immense en sauvegardant les biens de la terre contre leurs innombrables destructeurs. Non, nous ne devons pas la poursuivre de notre haine et la tuer impitoyablement ; nous devons, au contraire, l’estimer et la respecter comme un de nos meilleurs auxiliaires. Non, la pauvre bête ne mérite pas la triste réputation que l’ignorance lui a faite ; son toucher ne communique ni les poux ni la gale ; sa dent ne meurtrit pas la mamelle des chèvres et ne souille pas nos provisions de lard ; son irruption fortuite dans un appartement n’est pas plus à craindre que celle d’un papillon. Tout au contraire, je voudrais, quant à moi, fréquemment avoir sa visite le soir dans ma chambre à coucher ; je serais bientôt délivré des cousins qui me harcèlent. Tout bien considéré, nous n’avons rien, absolument rien à lui reprocher, et nous lui sommes redevables de très importants services. Voilà ce que l’examen raisonné répond aux préjugés de l’ignorance. Désormais, si vous l’osez, écrasez la chauve-souris sous le talon.
Louis. — Je m’en garderai bien, maintenant que je sais de quelle foule d’ennemis la chauve-souris nous délivre.
Jules. — C’est dommage que ce soit une bête si hideuse.
Paul. — Hideuse ! voilà un gros mot sur lequel j’espère vous faire revenir.
Jules. — On ne pourrait nier que la chauve-souris ne soit affreusement laide.
Paul. — Peut-être si.
Émile. — Je serais bien curieux de savoir comment pourrait se tourner en beauté l’affreuse forme de la bête.
Paul. — Discuter avec vous du laid et du beau, mes enfants, n’est pas entreprise que je puisse aisément mener à bien ; pour me suivre en un pareil sujet, il vous faudrait une maturité d’esprit que votre âge ne comporte pas. Seriez-vous de grandes personnes, que peut-être l’entente serait