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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

lait de leurs mamelles, ils l’allaitent. De toutes les espèces soumises dans le jeune âge à l’allaitement, de toutes les espèces douées de mamelles, les savants forment un groupe qu’ils nomment classe des mammifères[1]. J’ajouterai que ces animaux ont, dans l’immense majorité des cas, le corps couvert de fourrure, de poils, et non de plumes ou d’écailles. Les plumes appartiennent aux oiseaux, les écailles aux reptiles et aux poissons. Comme exemples de mammifères, nos animaux domestiques, bœuf, chien, chat, mouton, chèvre, cheval et d’autres, vous viennent sans doute à l’esprit.

Émile. — J’ai bien remarqué, pour ma part, avec quels soins la chatte élève sa famille. Tandis que les petits chats pétrissent les mamelles avec leurs mignonnes pattes roses, comme pour faire venir plus aisément le lait, la chatte les lave avec la langue, et exprime par un doux ronron sa maternelle satisfaction.

Paul. — Eh bien, la chauve-souris est un mammifère aux mêmes titres que la chatte ; comme la chatte, elle a le corps défendu du froid par une fourrure, elle a des mamelles pour allaiter ses petits. Le nombre des mamelles est très variable d’une espèce animale à l’autre, plus grand chez les espèces dont la famille est nombreuse, moindre chez les autres ; et cela doit être, afin que les nourrissons trouvent tous à teter à la fois. La chauve-souris n’en a que deux, placées sur la poitrine, et non sous le ventre. Elle n’élève qu’un petit chaque fois. Émile admire avec raison l’amour de la chatte pour ses petits chats ; cependant la chauve-souris est une mère encore plus tendre. Quand elle sort le soir pour chercher de quoi manger, au lieu d’abandonner son nourrisson dans quelque trou de mur après l’avoir repu de lait, elle l’emporte avec elle, cramponné à la poitrine, et c’est appesantie par ce fardeau qu’elle poursuit les rapides phalènes au vol. La recherche d’une proie est moins fructueuse, plus pénible sans doute ; n’importe : la mère affectionnée préfère ne pas quitter un seul instant la débile créature, qui tranquillement continue à teter pendant les évolutions de la chasse. L’obscurité venue, la chauve-souris gagne sa retraite, se suspend au plafond par un ongle et maintient son nourrisson en l’enveloppant de ses ailes fermées.

  1. Du latin mamma, mamelle ; fero, je porte.