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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

Il s’était à peine écoulé six heures que déjà la taupe, affamée de nouveau, explorait du flair le fond du tonneau, cherchant de quoi manger. Un second moineau vivant lui fut jeté. Comme la première fois, à l’instant même elle le mordit au ventre pour arriver tout de suite aux entrailles. Quand elle l’eut mangé en grande partie et bu copieusement, elle parut rassasiée et resta tranquille. Ce fut son dernier repas du jour. Comptez bien, mes amis, ce qu’il faut de sanglantes bombances pour apaiser la faim d’une taupe. Dans la nuit, sa compagneLa taupe.
La taupe.
de captivité ; dans le jour, deux moineaux. En vingt-quatre heures, le poids de la nourriture représente près de deux fois le poids de l’animal.

La rage d’appétit est-elle au moins un peu calmée ? Nullement. Le surlendemain matin, la taupe erre inquiète au fond de son tonneau ; elle paraît exaspérée par un jeûne trop prolongé, son estomac crie famine. Vite, vite de la nourriture, ou elle se meurt d’inanition. Le reste du moineau de la veille et une grenouille, attaquée comme toujours par le ventre, quelque temps lui firent prendre patience. Enfin on lui donna un crapaud. Dès que la taupe s’en approcha pour l’éventrer, le crapaud se bouffit, espérant peut-être effrayer l’ennemi par