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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

plus grand nombre, nous sont très nuisibles. Vous vous rappelez ces deux paires d’incisives, si longues, si tranchantes, dont je vous ai parlé au sujet de la mâchoire du lapin. Tous les rongeurs en possèdent de pareilles. Pour les maintenir bien aiguisées et les empêcher de s’entre-croiser en s’allongeant, ce qui mettrait désormais l’animal dans l’impossibilité de s’alimenter, le rongeur doit les user par un frottement continuel à mesure qu’elles poussent. Ces terribles incisives n’ont pour ainsi dire pas de repos ; il leur faut toujours quelque chose à grignoter, n’importe quoi, n’importe l’heure. Aussi le mal qu’elles nous font est bien au-dessus de ce queLièvre.
Lièvre.
pourrait faire imaginer la taille de l’animal. Que faut-il de réelle nourriture à une souris ? Bien peu sans doute : la souris est si petite, une noix la rend toute ronde. N’allez pas croire cependant que le dégât d’un jour se borne à une noix. Après la noix mangée, un sac est percé, une étoffe est mise en pièces, un livre est rongé, une planche est trouée, rien que pour aiguiser les dents. Les dégâts que le rat et la souris font dans nos habitations, d’autres les font dans les champs. Tous ces infatigables destructeurs, il faut les connaître.

Jules. — Pour ma part, je ne connais pas le mulot et le campagnol dont vous avez prononcé les noms dans l’histoire des oiseaux nocturnes.

Émile. — Moi, je connais le rat et la souris ; pas plus.