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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, cinquième série, 1897 (IA souvenirsentomol05fabr).pdf/235

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Quiston un chicouloun de rèn ; pièi de ti resto
Soun plus countènt, ausson la testo
E volon tout. L’auran. Sis arpioun en rastèu
Te gatihoun lou bout de l’alo.
Sus ta larjo esquinasso es un mounto-davalo ;
T’aganton pèr lou bè, li bano, lis artèu[1] ;

Tiron d’eici, d’eilà. L’impaciènci te gagno.
Pst ! pst ! d’un giscle de pissagno
Aspèrges l’assemblado e quites lou ramèu.
T’en vas bèn liuen de la racaio,
Que t’a rauba lou pous, e ris, e se gougaio,
E se lipo li brego enviscado de mèu[2].

Or d’aqueli boumian abèura sens fatigo,
Lou mai tihous es la fournigo.
Mousco, cabrian, guespo e tavan embana,
Espeloufi de touto meno,
Costo-en-long qu’à toun pous lou souleias ameno,
N’an pas soun testardige à te faire enana[3].

Pèr t’esquicha l’artèu, te coutiga lou mourre,
Te pessuga lou nas, pèr courre
A l’oumbro de toun ventre, osco ! degun la vau.
Lou marrit-péu prend pèr escalo
Uno patto e te monto, ardido, sus lis alo,
E s’espasso, insoulento, e vai d’amont, d’avau[4].

  1. Ils quêtent une gorgée de rien ; puis de tes restes — ils ne sont plus satisfaits, ils relèvent la tête — et veulent le tout. Ils l’auront. Leurs griffes en râteau — te chatouillent le bout de l’aile. — Sur ta large échine, c’est un monte-descend ; — ils te saisissent par le bec, les cornes, les orteils ;
  2. Ils tirent d’ici, de là. L’impatience te gagne. — Pst ! pst ! d’un jet d’urine — tu asperges l’assemblée et tu quittes le rameau. — Tu t’en vas bien loin de la racaille — qui t’a dérobé le puits, et rit, et se gaudit, — et se lèche les lèvres engluées de miel.
  3. Or de ces bohémiens abreuvés sans fatigue, — le plus tenace est la fourmi. — Mouches, frelons, guêpes, scarabées cornus, — aigrefins de toute espèce, — fainéants qu’à ton puits le gros soleil amène, — n’ont pas son entêtement à te faire partir.
  4. Pour te presser l’orteil, te chatouiller la face, — te pincer le nez, pour courir — à l’ombre de ton ventre, vraiment nul ne la vaut. — La coquine prend pour échelle — une patte et te monte, audacieuse, sur les ailes ; — elle s’y promène, insolente, et va d’en haut, d’en bas.