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se retire en se contractant sur elle-même, mais sans rentrer dans une gaine ascensionnelle comme le fait la larve de l’Eumène. Le cordon d’attache ne sert pas de fourreau de refuge, où la larve puisse rentrer ; c’est pour elle une chaîne d’ancre, qui lui donne appui au plafond et lui permet de se garer en se contractant à distance du tas de vivres. Le calme fait, la larve s’allonge et revient à son ver. Ainsi se passent les débuts d’après les observations faites, les unes chez moi dans mes bocaux à éducation, les autres sur les lieux mêmes lorsque j’exhumais des cellules contenant une larve assez jeune.

En vingt-quatre heures, le premier ver est dévoré. La larve alors m’a paru éprouver une mue. Du moins quelque temps elle reste inactive, contractée ; puis elle se détache du cordon. La voilà libre, en contact avec l’amas de vermisseaux, et dans l’impossibilité désormais de se mettre à l’écart. Le fil sauveteur n’a pas eu longue durée ; il a protégé l’œuf, défendu l’éclosion ; mais la larve est bien faible encore et le péril n’a pas diminué. Aussi allons-nous trouver d’autres moyens de protection.

Par une exception bien étrange, dont je ne connais pas encore d’autre exemple, l’œuf est pondu avant que les provisions soient déposées. J’ai vu des cellules ne contenant encore absolument rien en fait de vivres, et au plafond desquelles l’œuf cependant oscillait. J’en ai vu d’autres, toujours munies de l’œuf, qui n’avaient encore que deux ou trois pièces de gibier, début de la copieuse brochée de vingt-quatre. Cette précocité de la ponte, qui fait disparate complet avec ce qui se passe chez les autres hyménoptères giboyeurs, a sa raison