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Alors commence, pour son bien-être, un enchaînement de conditions.

La prudence exige que la très jeune larve attaque d’abord les vermisseaux les plus inoffensifs, c’est-à-dire les plus mortifiés par l’abstinence, enfin les vermisseaux mis en cellule les premiers ; elle exige, en outre, que la consommation progresse des pièces les plus vieilles aux pièces les plus récentes, pour avoir jusqu’à la fin du gibier frais. Dans ce but, une étrange exception est faite à la règle générale : l’œuf est pondu avant de procéder à l’approvisionnement. Il est pondu au fond de la cellule ; de cette manière les vivres entassés se présenteront à la larve dans l’ordre d’ancienneté.

Ce n’est pas assez ; il importe que les vermisseaux ne puissent, en se mouvant, changer leur ordre de superposition. Le cas est prévu : la soute aux vivres est un cylindre étroit où le déplacement est difficile.

Cela ne suffit pas : la larve doit avoir assez d’espace pour se mouvoir à l’aise. La condition est remplie : en arrière, la cellule forme salle à manger relativement spacieuse.

Est-ce tout ? Pas encore. Cette salle à manger ne doit pas être encombrée comme le reste de la loge. On y a veillé : un petit nombre de pièces compose le service du début.

Sommes-nous à la fin ? Pas du tout. En vain le garde-manger est un étroit cylindre, si les vermisseaux s’étirent, ils glisseront en long et viendront troubler le nourrisson dans sa retraite de l’arrière-logis. On y a paré : le gibier choisi est une larve qui d’elle-même se roule en bracelet, et par sa propre détente se maintient en place.