Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà par quelle série de difficultés ingénieusement levées, l’Odynère parvient à laisser descendance. Ce que nous lui reconnaissons d’exquise prévoyance confond déjà l’esprit ; que serait-ce si rien n’échappait à nos regards obtus !

L’insecte aurait-il acquis son savoir-faire, petit à petit, d’une génération à la suivante, par une longue suite d’essais fortuits, de tâtonnements aveugles ? Un tel ordre naîtrait-il du chaos ; une telle prévision, du hasard ; une telle sapience, de l’insensé ? Le monde est-il soumis aux fatalités d’évolution du premier atome albumineux qui se coagula en cellule ; ou bien est-il régi par une Intelligence ? Plus je vois, plus j’observe, et plus cette Intelligence rayonne derrière le mystère des choses. Je sais bien qu’on ne manquera pas de me traiter d’abominable cause-finalier. Très peu m’en soucie : l’un des signes d’avoir raison dans l’avenir, n’est-ce pas d’être démodé dans le présent ?