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ment aux Amazones cette retraite par la voie suivie en allant. S’il ne veut s’égarer en route, l’insecte n’a pas le choix du chemin : il doit rentrer chez lui par le sentier qui lui est connu et qu’il vient récemment de parcourir. Lorsqu’elles sortent de leur nid et vont sur une autre branche, sur un autre arbre, chercher feuillée mieux à leur goût, les Chenilles processionnaires tapissent de soie le trajet, et c’est en suivant les fils tendus en route qu’elles peuvent revenir à leur domicile. Voilà la méthode la plus élémentaire que puise employer l’insecte exposé à s’égarer dans ses excursions : une route de soie le ramène chez lui. Avec les Processionnaires et leur naïve voirie, nous sommes bien loin des Chalicodomes et autres, qui ont pour guide une sensibilité spéciale.

L’Amazone, quoique de la gent hyménoptère, n’a, elle aussi, que des moyens de retour assez bornés, comme le témoigne la nécessité où elle est de revenir par sa récente piste. Imiterait-elle, dans une certaine mesure, la méthode des Processionnaires ; c’est-à-dire laisserait-elle sur la voie, non des fils conducteurs puisqu’elle n’est pas outillée pour pareil travail, mais quelque émanation odorante, par exemple quelque fumet formique, qui lui permettrait de se guider par le sens olfactif ? On s’accorde assez dans cette manière de voir.

Les Fourmis, dit-on, sont guidées par l’odorat ; et cet odorat paraît avoir pour siège les antennes, que l’on voit en continuelle agitation. Je me permettrai de ne pas montrer un vif empressement pour cet avis. D’abord, je me méfie d’un odorat ayant pour siège les antennes ; j’en ai donné plus haut les motifs ; et puis,