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résous à savoir ignorer, ce qui m’épargne au moins des élucubrations creuses. J’ignore donc comment l’Osmie, dans la profonde obscurité de son canal, distingue un cocon vivant d’un cocon mort de la même espèce ; j’ignore tout autant comment elle parvient à reconnaître un cocon étranger. Oh ! comme on voit bien à ces aveux d’ignorance que je ne suis pas dans le courant du jour ! Je laisse échapper une occasion superbe d’enfiler de grands mots pour n’arriver à rien.

Le bout de ronce est vertical, ou peu éloigné de cette direction ; son orifice est en haut. Voilà la règle dans les conditions naturelles. Mes artifices peuvent modifier cet état de choses : il m’est loisible de tenir le tube vertical ou horizontal ; de diriger son orifice urique son vers le haut, soit vers le bas ; enfin de laisser le canal ouvert aux deux bouts, ce qui donnera double porte de sortie. Que se passera-t-il dans ces diverses conditions ? C’est ce que nous allons examiner avec l’Osmie tridentée.

Le tube est suspendu suivant la verticale, mais il est fermé en haut et ouvert en bas ; il représente en somme un bout de ronce renversé sens dessus dessous. Pour varier et compliquer l’épreuve, mes appareils n’ont pas leurs files de cocons disposées de la même manière. Pour les uns, la tête des cocons regarde le bas, du côté de l’ouverture ; pour les autres, elle regarde le haut, du côté fermé, pour d’autres encore, les cocons alternent d’orientation, c’est-à-dire qu’ils sont tournés tête contre tête, arrière contre arrière, tour à tour. Il va de soi que des cloisons de sorgho forment les planchers de séparation.

Pour tous ces tubes, le résultat est le même. Si les